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Molière, Acte I, scène 1, Le Médecin malgré lui, 1666

Le texte page 280 du manuel possède des notes, qui permettent une meilleure compréhension.

Sganarelle, un bûcheron, et sa femme Martine entrent sur scène en se disputant. Martine se demande comment elle a pu épouser un homme pareil, qui boit et qui dépense tout l'argent de la famille.

SGANARELLE.- Non je te dis que je n'en veux rien faire ; et que c'est à moi de parler et d'être le maître.

MARTINE.- Et je te dis moi, que je veux que tu vives à ma fantaisie : et que je ne me suis point mariée avec toi, pour souffrir tes fredaines.

SGANARELLE.- Ô la grande fatigue que d'avoir une femme : et qu'Aristote a bien raison, quand il dit qu'une femme est pire qu'un démon !

MARTINE.- Voyez un peu l'habile homme, avec son benêt d'Aristote.

SGANARELLE.- Oui, habile homme, trouve-moi un faiseur de fagots, qui sache, comme moi, raisonner des choses, qui ait servi six ans, un fameux médecin, et qui ait su dans son jeune âge, son rudiment par cœur.

MARTINE.- Peste du fou fieffé.

SGANARELLE.- Peste de la carogne.

MARTINE.- Que maudit soit l'heure et le jour, où je m'avisai d'aller dire oui.

SGANARELLE.- Que maudit soit le bec cornu de notaire qui me fit signer ma ruine.

MARTINE.- C'est bien à toi, vraiment, à te plaindre de cette affaire : devrais-tu être un seul moment, sans rendre grâces au Ciel de m'avoir pour ta femme, et méritais-tu d'épouser une personne comme moi ?

SGANARELLE.- Il est vrai que tu me fis trop d'honneur : et que j'eus lieu de me louer la première nuit de nos noces. Hé ! morbleu, ne me fais point parler là-dessus, je dirais de certaines choses...

MARTINE.- Quoi ? que dirais-tu ?

SGANARELLE.- Baste, laissons là ce chapitre, il suffit que nous savons ce que nous savons : et que tu fus bien heureuse de me trouver.

MARTINE.- Qu'appelles-tu bien heureuse de te trouver ? Un homme qui me réduit à l'hôpital, un débauché, un traître qui me mange tout ce que j'ai ?

SGANARELLE.- Tu as menti, j'en bois une partie.

MARTINE.- Qui me vend, pièce à pièce, tout ce qui est dans le logis.

SGANARELLE.- C'est vivre de ménage .

MARTINE.- Qui m'a ôté jusqu'au lit que j'avais.

SGANARELLE.- Tu t'en lèveras plus matin.

MARTINE.- Enfin qui ne laisse aucun meuble dans toute la maison.

SGANARELLE.- On en déménage plus aisément.

MARTINE.- Et qui du matin jusqu'au soir, ne fait que jouer, et que boire.

SGANARELLE.- C'est pour ne me point ennuyer.

Martine. – Et que veux-tu, pendant ce temps, que je fasse avec ma famille ?

Sganarelle. – Tout ce qu'il te plaira.

Martine. – J'ai quatre pauvres petits enfants sur les bras.

Sganarelle. – Mets-les à terre.

Martine. – Qui me demandent à toute heure du pain.

Sganarelle. – Donne-leur le fouet. Quand j'ai bien bu et bien mangé, je veux que tout le monde soit saoul dans ma maison.

Martine. – Et tu prétends, ivrogne, que les choses aillent toujours de même ?

Sganarelle. – Ma femme, allons tout doucement, s'il vous plaît.

Martine. – Que j'endure éternellement tes insolences et tes débauches ?

Sganarelle. – Ne nous emportons point, ma femme.

Martine. – Et que je ne sache pas trouver le moyen de te ranger à ton devoir ?

Sganarelle. – Ma femme, vous savez que je n'ai pas l'âme endurante, et que j'ai le bras assez bon.

Martine. – Je me moque de tes menaces.

Sganarelle. – Ma petite femme, ma mie, votre peau vous démange, à votre ordinaire.

Martine. – Je te montrerai bien que je ne te crains nullement.

Sganarelle. – Ma chère moitié, vous avez envie de me dérober quelque chose.

Martine. – Crois-tu que je m'épouvante de tes paroles ?

Sganarelle. – Doux objet de mes vœux, je vous frotterai les oreilles.

Martine. – Ivrogne que tu es !

Sganarelle. – Je vous battrai.

Martine. – Sac à vin !

Sganarelle. – Je vous rosserai.

Martine. – Infâme !

Sganarelle. – Je vous étrillerai.

Martine. – Traître, insolent, trompeur, lâche, coquin, pendard, gueux, belître, fripon, maraud, voleur... !

Sganarelle. - Il prend un bâton, et lui en donne. – Ah ! vous en voulez donc ?

Martine. – Ah ! ah ! ah ! ah !

Sganarelle. – Voilà le vrai moyen de vous apaiser.

Acte I scène 1.

I / Le genre théâtral

Question

1. Quel lien unit Martine et Sganarelle ? Justifiez en citant une réplique de Sganarelle.

Définition :

Une pièce de théâtre est généralement divisée en actes, qui correspondent aux grandes parties de l'action, appelée aussi intrigue.

Les actes sont eux-mêmes divisés en scènes ; on change de scène à chaque fois qu'un personnage arrive ou s'en va.

Question

2. Que font Martine et Sganarelle dans cette scène ?

Question

3. Lisez la légende du texte. À quel endroit de la pièce cet extrait est-il situé ?

Définition : Début in média res

Début in média res : expression latine qui signifie au milieu des choses, pour désigner une pièce qui débute en pleine action, afin de capter l'attention des spectateurs. C'est très souvent ce type de commencement qui est utilisé au théâtre.

Question

4. Lorsque la pièce commence, la 1ère réplique prononcée par Sganarelle est "Non je te dis que je n'en veux rien faire ; et que c'est à moi de parler et d'être le maître." selon vous l'action avait-elle commencé avant ? Expliquez.

II / Les procédés de la querelle (la dispute)

Question

5. Pourquoi le déterminant possessif « ma » dans « ma famille »  est-il étonnant ? Que sous-entend Martine en disant cela ?

Question

6. Quels sont les défauts que critique Martine chez Sganarelle ? Comment Sganarelle réagit-il à ces reproches ?

Question

7. Quels sont les types de phrases employés ? observez la ponctuation. Qu'expriment-elles ?

Question

8. Quel mode de conjugaison est employé dans "Mets-les à terre" "Donne-leur le fouet". Qu'exprime ce mode ?

Définition : Figure de style : Accumulation

Une accumulation : est une figure de style qui énumère, fait la liste de nombreux éléments séparés par des virgules pour créer une impression de profusion.

Question

9. Que fait Martine de la ligne 59 (du manuel) à la fin de la scène ? Quelles est la figure de style employée ligne 65 ? Pourquoi est-ce comique ?

Question

10. Comment Sganarelle parvient-il à faire taire Martine ? Pouvait-on s'y attendre ? Justifiez.

Question

11. Martine et Sganarelle se tutoient-ils ou se vouvoient-ils ? Comparez le début et la fin de l'extrait et proposez une explication.

Définition :

Sens propre : ce que signifie le mot, sens 1er. ex : j'ai un chat chez moi.

Sens figuré : sens symbolique, imagée. ex : j'ai un chat dans la gorge (sens figuré)

Question

12. La réplique de Martine "J'ai quatre pauvres petits enfants sur les bras." est-elle à prendre au sens propre ou figuré ? Commentez la réponse de Sganarelle.

Question

13. Comment Sganarelle se défend-il face à Martine ? qu'ont de comique ses réponses ?

Question

14. Relisez les répliques de Sganarelle l. 44 à 55 (dans le manuel) et comparez le début et la fin de chacune d'elles. Pourquoi sont-elles comiques ?

Question

À partir de cet extrait et du titre de la pièce, imaginez ce que Martine va chercher à faire dans la suite de l'histoire. (réponse libre)