Jean de Léry (1536-1613)
C'est un explorateur et écrivain français. Âgé d'à peine 21 ans, il part au Brésil, découvert cinquante ans auparavant. Profondément marqué par ce qu'il observe, il raconte à son retour le mode de vie des populations indigènes et partage son émerveillement pour la faune et la flore dans son livre intitulé L’Histoire d’un voyage fait en terre du Brésil.
La découverte de l’Autre : Description des Tupinambas dans L’Histoire d’un voyage.
«Quant à la disposition de leur corps, ils sont pour la plupart bien faits et de belle stature ; leurs membres sont déliés, leur visage est bien proportionné, mais ils ont les narines un peu plus larges que les nôtres, et les lèvres plus épaisses. Ils sont de couleur d’olive, ce qui est naturel à ceux qui sont continuellement exposés au soleil. Pour ce qui est de la nudité, ils vont entièrement nus, sans aucune honte ; et pour ornement, ils se percent les lèvres et les oreilles, dans lesquelles ils mettent des os de poissons, ou des plumes d’oiseaux, qu’ils trouvent belles. Les femmes, quant à elles, se teignent le corps avec un certain jus rouge qu’ils appellent roucou, ce qui leur sert de parure.
Quand ils vont en guerre, ils se parent encore davantage, se couvrant la tête de plumes de perroquets, et attachant à leurs bras et jambes des bracelets faits de coquillages ou de graines. Les femmes, lors des festins, se parent de colliers de perles blanches et noires, qu’elles enfilent avec adresse, et dont elles se parent comme les plus somptueux des bijoux. Il est également à noter que ces sauvages, tant hommes que femmes, sont d’une propreté remarquable : ils se baignent souvent dans les rivières, et se lavent plusieurs fois par jour. »
Questions d'analyse⚓
Question⚓
1. Comment l’auteur décrit-il physiquement les indigènes du Brésil ?
Question⚓
4. Quels sont les ornements qu’ils utilisent pour se parer ?
Solution⚓
“os de poissons, ou des plumes d’oiseaux” l.6
les femmes recouvrent leur corps avec du “roucou”, “un certain jus rouge” l.7-8
Pour la guerre, ils se couvrent “la tête de plumes de perroquets, et attachant à leurs bras et jambes des bracelets faits de coquillages ou de graines.” l.9-10
“Les femmes, lors des festins, se parent de colliers de perles blanches et noires” l.11
Question⚓
6. Relever les adjectifs (sélectionner un passage). Quelle image donne-t-il des Tupinambas ? Est-elle plutôt positive ? Négative ? Trouvez-vous son regard respectueux, curieux ou plutôt condescendant ? Pourquoi ?
Solution⚓
Son observation attentive des corps, des parures et des pratiques de guerre témoigne d’une curiosité anthropologique[1] face à une culture différente de la sienne. Néanmoins, l’utilisation du mot “sauvage” reflète une perception négative, voire méprisante, des Tupinambas dans la mesure où le terme a une forte valeur péjorative, c’est-à-dire de dévalorisation. Il était couramment utilisé par les Européens pour désigner des peuples considérés comme inférieurs en raison de leur absence de vêtements ou de leur religion non chrétienne
[1] Le mot sera défini à partir de sa formation étymologique
Question⚓
7. Quelles coutumes et pratiques paraissent très différentes de celles des Européens de la même époque ?
Solution⚓
La nudité contraste avec les normes vestimentaires ayant cours en Europe.
L’usage des ornements tupis (os, plumes, tatouages avec du roucou) tranche avec ceux des Européens qui consistaient en des bijoux (colliers, bagues, bracelets) faits de pierres ou de métaux précieux.
Les normes d’hygiène en Europe étaient différentes puisque le recours aux bains était limité étant donné que l’eau était considérée comme un vecteur important de maladies. Aussi beaucoup préféraient se laver à sec, en utilisant des linges imbibés d'eau parfumée.
A retenir⚓
Jean de Léry (1536-1613), est un explorateur et écrivain français. Âgé d'à peine 21 ans, il part au Brésil, découvert cinquante ans auparavant. Marqué par ses observations, il raconte le mode de vie des indigènes et exprime son émerveillement pour la faune et la flore dans L’Histoire d’un voyage fait en terre du Brésil. Dans l’extrait étudié, il observe avec une curiosité anthropologique leurs corps, leur mode de vie, ainsi que leurs pratiques vestimentaires et hygiéniques. Cependant, la vision des Tupinambas qu’il propose est ambivalente : elle révèle un intérêt marqué d'une part, mais aussi un regard méprisant de l'autre, comme en témoigne l’usage du terme « sauvage ».