Ode à une femme aimée, Sappho

Heureux qui près de toi, pour toi seule soupire,

Qui jouit[*] du plaisir de t'entendre parler,

Qui te voit quelquefois doucement lui sourire.

Les Dieux dans son bonheur peuvent-ils l'égaler ?

Je sens de veine en veine une subtile flamme

Courir par tout mon corps, sitôt que je te vois

Et dans les doux transports[*] où s'égare mon âme

Je ne saurais trouver de langue ni de voix.

Un nuage confus se répand sur ma vue.

Je n'entends plus : je tombe en de douces langueurs[*] ;

Et, pâle, sans haleine, interdite[*], éperdue[*],

Un frisson me saisit, je tremble, je me meurs.

Mais quand on n'a plus rien, il faut tout hasarder.

SAPPHO, « Ode à une femme aimée », VIIᵉ siècle avant J.-C., traduction de Boileau, cité dans Longin, Traité du Sublime, chap. 8, 1700.

Detail of Raphael's Parnassus showing Sappho, 1509.

SAPPHO

vers 630 - vers 580 av. J.-C. Antiquité

est une poétesse grecque. Bien qu'elle ait été une femme de lettres très célèbre, il ne nous est parvenu que peu des fragments de son œuvre.

Sappho vécut sur l’île de Lesbos, au large des côtes de l'actuelle Turquie. C'est du nom de cette île que vient l'adjectif « lesbien », créé au XIXe siècle, en référence à Sappho, qui aimait aussi bien les hommes que les femmes.

Faites une recherche sur le mythe de l'Androgyne et notez-la sur votre classeur à la suite du cours.

Mythologie Androgyne

Le mythe de l'androgyne est raconté par le philosophe Platon (428/427 av. J.-C.–348-347 av. J.-C.) dans son dialogue intitulé Le Banquet, écrit aux environs de 380 av. J.-C. et qui contient une suite de discours portant sur la nature et les qualités de l'amour. Dans le mythe de l'androgyne, Platon explique que la nature humaine était autrefois différente : il y avait trois catégories d'êtres humains, le mâle, la femelle et l'androgyne. De plus, chaque être humain était en fait une sphère avec quatre mains, quatre jambes et deux visages sur une tête unique, quatre oreilles, deux sexes, etc. Les humains se déplaçaient en avant ou en arrière, et, pour courir, ils faisaient des tours sur leurs huit membres. Leur force et leur orgueil étaient immenses. Désireux de prendre la place des dieux, ils tentèrent de monter jusqu'au ciel pour les y combattre. Zeus trouva un moyen de les affaiblir sans les tuer : il les coupa en deux. Il demanda ensuite à Apollon de retourner leur visage et de coudre le ventre et le nombril du côté de la coupure. Mais chaque morceau, regrettant sa moitié, tentait de s'unir à elle : ils s'enlaçaient en désirant se confondre et mouraient de faim et d'inaction. Zeus décida donc de déplacer les organes sexuels à l'avant du corps. Ainsi, alors que les humains surgissaient auparavant de la Terre, un engendrement mutuel fut rendu possible par l'accouplement d'un homme et d'une femme. L'implantation de l'amour dans l'être humain est donc ancienne. L'amour pousse deux êtres à tenter de n'en faire plus qu'un pour guérir la nature humaine : nous sommes la moitié d'un être humain, et nous cherchons sans cesse notre moitié.

Question

1. Quel pronom personnel domine dans le poème ?

Question

2. A qui le poème est-il adressé ? quel pronom est employé pour le destinataire ?

Question

3. Quel sentiment est exprimé dans le poème ? Relevez son champ lexical.

Question

4. Quelles sont les manifestations physiques liées à l’émotion ?

Définition :

Une métaphore : c'est une figure de ressemblance, qui met en relation deux termes (un comparant et un comparé) mais sans outil de comparaison, ex : « L'amour n'est que le roman du cœur»

Question

5. Quelles remarques pouvez-vous faire sur l'étendue de ces manifestations ?

Question

6. L'intensité des manifestations est-elle croissante ou décroissante ? Observez l'avant dernier vers.

Définition :

Une gradation : c'est une figure d'insistance qui consiste à accumuler des termes de même nature, dont l'intensité est croissante ou décroissante :

"Je me meurs, je suis mort, je suis enterré !" (Molière)

Le registre lyrique : Le registre lyrique fait référence à la lyre, l'instrument de musique utilisé par Orphée pour accompagner ses chants. Ce registre qualifie les textes qui expriment les sentiments personnels de l'auteur : l'amour, la tristesse... Les marques de ce registre sont : l'utilisation de la première personne (singulier ou pluriel), les interjections et exclamations (qui expriment la force des émotions) ; les figures de style d'insistance (anaphore, hyperbole...) ; le champ lexical des émotions...