Question⚓
Quel est l'objet du débat entre Aya et son père ?
Reformulez les arguments que le père oppose à sa fille.
Comment Aya réagit-elle ? Justifiez votre réponse.
Par quels moyens l'opposition entre le père et sa fille est-elle rendue dans le dessin ?
Solution⚓
Les deux personnages discutent ici de l’opportunité ou non, pour Aya en particulier et pour les filles en règle générale, de poursuivre ses études et même d’exercer un métier : à sa fille qui souhaiterait continuer après le bac (vignette 5), le père répond que « les longues études sont faites pour les hommes » (vignette 5) ; et quand elle l’informe qu’elle souhaiterait devenir médecin, il lui demande « mais pour quoi faire ? » (vignette 3).
La première forme d’opposition du père à sa fille qui souhaite lui annoncer une chose importante est le refus de la conversation: « Mais Aya, je mange et ça pique tellement que je ne peux pas parler » (vignette 1) ; il feint ensuite de ne pas comprendre ses propos : « Je veux être médecin » (vignette 3) puis lui demande pour quelle raison elle souhaiterait obtenir ce titre (« Mais pour quoi faire ? », vignette 3), comme si le fait d’être médecin et celui de pratiquer la médecine n’avaient aucun rapport, ce à quoi Aya répond par une lapalissade – l’on devient médecin « pour soigner les gens, Papa » (vignette 4) – où la lourde apostrophe vient souligner l’irritation de la jeune femme. Il essaie alors de mettre fin à la conversation en la reportant à plus tard (« Va d’abord jusqu’au bac, après on verra », vignette 4) puis tâche enfin d’y couper court de façon autoritaire, usant du présent de vérité générale incontestable (« Ah ! Tu me fatigues, Aya, les longues études sont faites pour les hommes », vignette 5) et du futur que l’on ne peut contredire, surtout quand il est accompagné d’un ton aussi péremptoire : « Tu trouveras un mari riche qui s’occupera de toi » (vignette 5). C’est à ce moment-là que le lecteur – en même temps qu’Aya, visiblement – découvre que bien loin de n’avoir jamais réfléchi au sujet, son père a déjà imaginé qu’elle allait pouvoir être la vie toute tracée de sa fille, qu’il voit déjà épouser le fils de son propre patron : « D’ailleurs, on est invités chez mon patron, et je veux que tu voies son fils » (vignette 6).
Aya est d’abord résolue et décidée : « Papa, il faut que je te parle » (vignette 1) où le modalisateur exprimant la nécessité la fait paraître sûre d’elle-même. Elle commence en effet par tenir tête à son père : elle n’hésite ni à répéter ses propos affirmatifs (« Je veux être médecin », vignette 2 ; « Tu as bien entendu Papa, médecin », vignette 3) ni à répondre aux questions rhétoriques de son interlocuteur (« Mais pour quoi faire ? », vignette 3 ; « pour soigner les gens, Papa » (vignette 4). Ce n’est qu’à la fin de la planche qu’elle commence à perdre courage : l’interrogative « Et si après le bac je veux continuer ? » (vignette 5) remplace les déclaratives, et elle finit par se détourner de son père, mettant fin à la conversation, dans la dernière vignette, où les exclamatives traduisent son désespoir. À court d’arguments (« je suis fichue ! », vignette 6), elle en appelle à sa mère (« Maman ! ») et, la tête dans les mains, elle paraît pleurer.
L’opposition entre les deux personnages est avant tout rendue par leur position l’un par rapport à l’autre : ils se font face (l’on ne voit d’ailleurs que leurs profils dans les deux premières vignettes), Aya se penche, les deux mains appuyées sur la table où déjeune son père pour mieux affirmer sa volonté, puis s’installe à son niveau afin d’engager plus facilement le dialogue auquel son père tâche de se substituer. Elle lui tourne finalement le dos et quitte la pièce : nous avons pour la première fois les deux visages tournés en même temps vers le lecteur. On attirera également l’attention des élèves sur le dessin des différentes expressions du visage des deux personnages : dans la première vignette, les yeux mi-clos, le père est distrait et occupé par autre chose que sa fille ; dans la deuxième, les yeux grands ouverts, les gouttes de sueur perlant sur le front, l’annonce que lui fait Aya le surprend ; dans la troisième il détourne les yeux, nous le découvrons de face, les yeux plissés et jetant un regard oblique en direction de sa fille, refusant de la regarder bien en face. Dans les deux dernières vignettes, enfin debout, ses yeux sont à nouveau grands ouverts, ses sourcils sont froncés et traduisent sa colère, tout comme son doigt levé dans un geste autoritaire.